Les murs, pierres, falaises, graviers, talus herbeux, buissons, … fournissent grâce à la nature du substrat, du sol, de l’exposition des conditions de vie distinctes et remplissent ainsi les exigences écologiques d’un nombre élevé de plantes et d’animaux différents.
Des etudes scientifiques récentes ont permis de recenser presque 200 plantes différentes (mousses et lichens non compris) sur le territoire de l’ancien château féodal d’Esch-sur- Sûre. Un nombre impressionnant pour cette surface assez restreinte.
Du point de vue floristique, on constate au château une nette dominance des espèces inféodées aux murs et aux graviers. Bon nombre de ces plantes sont capables de survivre avec peu d’eau ou de terre. Les ruines du château forment également un refuge pour de nombreuses plantes qui ne peuvent survivre dans le paysage intensivement exploité d’aujourd’hui, parmi celles-ci, toute une série d’espèces classées comme ‘menacées’ sur la Liste Rouge des plantes vasculaires du Luxembourg, comme par exemple l’oeillet des chartreux (Dianthus carthusianorum), la fétuque de Léman (Festuca lemanii), le gaillet couché (Galium pumilum), la jasione (Jasione montana), la mauve sauvage (Malva sylvestris), le petit coquelicot (Papaver dubium) et le dompte-venin (Vincetoxicum hirundinaria). Certaines de ces plantes (l’oeillet des chartreux, le domptevenin et la jasione) sont même protégées par la loi.
Avant d’être bue «à l’heure verte» par la bohême parisienne à la fin du XIXe siècle, l’absinthe était connue depuis des millénaires comme plante médicinale. Elle servait contre les maux d’estomac, les douleurs menstruelles ou encore contre les dépressions. Du fait de ses vertus relaxantes sur les organes internes, elle a meme acquis une réputation d’aphrodisiaque pour la gente féminine. La forte odeur de l’absinthe contribuait à son utilisation pour protéger la récolte contre les souris. On en mélangeait même à l’encre pour éloigner les rongeurs des papiers.
Certaines plantes occupant le site sont des témoins du passé. Elles étaient cultivées jadis dans les jardins du château, soit à des fins culinaires ou décoratives, soit pour leurs vertus médicinales. Une partie de ces espèces, comme l’armoise absinthe (Artemisia absinthium), la cymbalaire (Cymbalaria muralis), l’ail des champs (Allium oleraceum), le lierre (Hedera helix) et le groseillier épineux (Ribes uva-crispa), peuvent encore y être trouvées de nos jours.
À part les plantes à fleurs, il existe également des plantes à spores, encore appelées cryptogames (du grec ‘kryptos’ = caché). Hormis les champignons, cet embranchement compte également les lichens, les mousses et les fougères, parmi ceuxci toute une série de spécialistes pour lesquels les ruines du château forment un milieu de vie idéal. Grâce à leur reproduction via des spores, ces plantes sont à même de coloniser les fentes les plus étroites.
Afin de sauvegarder la diversité biologique du site et de préserver les différents biotopes - parmi ceux ci quelques milieux de vie d’importance communautaire selon la directive européenne ‘Habitats’ (Directive ‘Habitats’ - 92/43/CEE), un plan de gestion a été élaboré par le Parc Naturel de la Haute Sûre dans le cadre de la restauration du site, ceci en étroite collaboration avec les administrations concernées, la commune et le ‘Service des Sites et Monuments Nationaux’. Sur les pelouses silicicoles maigres et sèches bordant les ruines, par exemple, un fauchage tardif avec enlèvement des foins est préconisé. Afin de protéger les espèces colonisatrices des fentes il est renoncé de rejointoyer systématiquement les murs. Des zones de protection restreintes sont définies, etc. De ce fait, protection de la nature et sauvegarde de l’héritage culturel et historique vont de pair.
Le château d’Esch-sur-Sûre est un biotope dit ‘secondaire’. Au fil des siècles la nature s’est à nouveau installée d’une façon spectaculaire. De nos jours, toute une série d’habitats s’y sont installés, qui, vu leur rareté au niveau européen, sont protégés par la directive ‘Habitat’. Ce sont avant tout les fentes rocheuses et les murs qui hébergent des plantes protégées ou d’importance régionale. Afin de préserver, voire favoriser ces milieux de vie lors des travaux de restauration du château, un plan de gestion spécifique a été élaboré.
Pour de nombreuses espèces le château constitue une véritable zone refuge, étant donné que ces espèces ont été évincées au fil du temps d’un paysage exploité de plus en plus intensivement et densément peuplé.
Aidez-nous à préserver ce site comme milieu de vie et respectez la flore et la faune! Merci.